• Running Away (1)

    Running Away est une histoire que j’ai commencée en début d’année pour lancer ma page Wattpad. La plateforme étant un réseau social où l’on trouve de tout, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et je ne souhaitais pas entamer mes balbutiements là-bas avec une partie de mon histoire principale.

    Le blog étant inactif depuis un moment, je ne l’ai pas publiée ici en parallèle. Le fait est, cependant, que les options de mise en page et le confort de lecture sont beaucoup plus développés ici. Comme j’ai l’intention de reprendre les publications par ici, il me semblait également légitime de commencer par ce texte.

    Mon but est de rattraper l’avancement de l’histoire sur Wattpad, soit 4 articles en comptant celui-ci. Après cela, la suite sera publiée par articles dès que j’aurais suffisamment avancé. Comme je veux faire de ce blog la place centrale pour mes publications, les nouveaux articles seront d’abord mis en ligne ici puis, une semaine après, ajoutés à l’histoire Wattpad.

     

    L’origine de l’histoire est assez vague. J’avais cette scène avec le stylo plume dans la tête depuis plusieurs semaines. Malgré une partie des détails indéterminés, l’envie de l’écrire était assez forte. Je me suis demandé si en faire une scène d’introduction ne serait pas trop gênant vis-à-vis d’un public qui découvre le texte. Mais comme le scénario était très ouvert à ce moment-là, ce petit caprice pouvait aussi piquer la curiosité du lecteur et lui donner envie de rester pour connaître la suite.

    Quant à Alexandre, c’est un personnage que je traîne d’univers en univers depuis un peu moins d’un an, sans vraiment savoir lequel lui conviendrait. J’aimerais en faire un personnage marquant parce qu’elle me tient à cœur, mais en parallèle je ne veux pas lui offrir la place d’un personnage majeur dans mon univers principal.

    Je pense que le terme plus approprié soit que je cherche à en faire un personnage ‘‘épique’’, dont on se souvient, pas forcément un personnage fondamental.

    La difficulté est qu’il en va de même pour toute cette histoire. À l’origine, elle est censée être très secondaire, de celles que j’avance pour ne pas travailler en permanence sur le même projet au risque de devenir stérile. De la même façon que Homo homini lupus est – oui, j’ai vraiment commencé une histoire avec ce titre – je n’ai pas eu une inspiration consistante dès le début. Elle représente plutôt une somme de petits détails que j’ai trouvé intéressant d’ajouter ensembles. Le plus gros risque est donc de me retrouver avec un scénario bancal et plat parce que je n’ai pas su placer suffisamment d’intrigues majeures ou les faire interagir.

    Bien que de nombreuses idées soient venues renforcer les premiers concepts que j’avais alignés pour créer l’univers dans lequel elle se déroule, je ne considère toujours pas que son intrigue valle celles que j’ai développées dans mon univers principal. Ce sentiment personnel peut n’être pourtant dû qu’au fait que je n’ai pas encore apprivoisé les éléments qui composent ce décor.

    Je m’attends à beaucoup de travail pour, d’une part, enrichir au maximum l’univers et en faire un lieu intriguant sinon attrayant et, d’autre part, pour apprivoiser et épanouir au mieux les personnages.

    Un bon point en parallèle, c’est que la technique ne m’a pas posé trop de problèmes. J’ai réussi à écrire à un rythme fluide, sans me heurter à une grosse difficulté descriptive ou autre. J’espère que ce sera aussi agréable à lire que cela l’a été à écrire.

    Sur ce, Belle Lune,

    Et Bonne Lecture,

     

    Agir normalement (1/2)

     

    Jour 1 – 21h12

    ‘‘Je ne tiens pas à ce que l'on me comprenne.’’

    En plaçant un point vulgaire à la fin de sa phrase, du bout de sa plume incertaine, elle eut un haut-le-cœur. Un spasme révulsif lui amena l'estomac au bord des lèvres. Cet acte qu'elle perpétrait la dégoûtait.

    Alexandre maintint son stylo en argent au-dessus de sa feuille, immobile. Perdue dans ses pensées, elle ne semblait cependant pas réfléchir aux mots dont elle avait accouché en salissant la virginité de ce papier. C'était comme si l'effort n'avait eu aucune importance.
    Une goutte d'encre se détacha, appelée par la gravité, et s'écrasa sur l'un des ‘‘n’’ de son dernier mot. La jeune fille ne s'en préoccupa guère, elle cheminait bien au-delà, dans ses pensées.

    Une seconde goutte s'enfuit de ce stylo qui était décidément bien mal taillé, et vint se surimposer à la première.

    Sa main droite se leva péniblement et s'écrasa au milieu de la feuille sans prendre gare à l'encre qui devait désormais lui habiller la paume. Elle remarqua par la même occasion qu'elle était devenue gauchère, ce qui faisait certainement partie des potentiels effets secondaires qui lui avaient été annoncés.

    Elle serra intensément son stylo entre ses doigts, souleva son bras gauche avec la même tension que la chaîne qui remonte un wagon sur l'un des sommets d'une montagne-russe. Une fois assez haut, elle claqua de toutes ses forces son poing sur le dos de sa main droite, faisant sursauter le bureau en bois composite. Le bruit sourd parut hors du temps.

    Puis le silence revint. Ce silence, fausse preuve d'une quelconque quiétude dans la maison, n'eut jamais été aussi pesant qu'à cet instant. Au bout d'une ou deux longues minutes, ses yeux humides relarguèrent quelques larmes, timides mais lourdes. Elles furent accompagnées d'un couinement qui recelait plus de rage que de douleur.

    Ses phalange perdirent progressivement de leur constance, relâchant leur prise. Puis sa main gauche s'étala sur le dos dans un coin du bureau pendant qu'elle était secouée de spasmes de douleur. Elle hoquetait désormais des sanglots décousus. L'envie de vomir la tiraillait sans peine, mais cela ne suffisait pas pour lui faire décrocher le regard de sa réalisation. Le stylo argenté se dressait fièrement au centre de sa main, bordé par un afflux de sang qui faisait office de fontaine. Le liquide ferreux ruisselait finement sur les reliefs blanchâtres des tendons.

    Lorsque ses gémissements commencèrent à s’affirmer et que son flot de larmes fut plus dense elle entendit la voix intriguée de sa mère s’élever à travers la cage d’escalier jusqu’au premier étage :

    « Alex, ce bruit sourd, c’était toi ? »

    Alors les sanglots de la jeune fille s’arrêtèrent sur-le-champ. Elle serra les dents, encore mue par quelques soubresauts qu’elle maîtrisait avec difficulté. Elle se devait d’être convaincante, sans quoi la curiosité de sa mère l’emporterait sur son activité actuelle. Or, si elle montait, ce serait un contre-temps qu’elle n’avait pas anticipé. Alexandre se remémorait le moment où elle était remontée dans sa chambre et elle n’avait pas besoin de se tourner pour savoir que sa porte n’était pas verrouillée. Il valait peut-être mieux qu’elle ne le soit pas ; n’importe-quel comportement sortant de la normale mettait en danger sa décision.

    Elle inspira profondément, chercha au fond d’elle cette intonation de voix qui correspondait à un discours neutre. Et avec une parfaite maîtrise d’elle-même, sans laisser se glisser quelque indice sur sa situation, elle répondit :

    « Oui, maman. Je me suis cogné la main contre mon bureau, ça saigne un peu. Je suis en train de désinfecter. »

    La froideur qui régnait dans la pièce lorsqu’elle prononça ces mots eut dérangé quiconque assistant à la scène. Elle obtint seulement un « D’accord. » mitigé en guise de réponse, mais cela avait l’air suffisant pour la mettre hors de danger.

    Désormais consciente que son expérience lui faisait courir des risques bien inutiles, elle s’en voulut de ne pas avoir su attendre. Elle réanima sa main gauche et d’un geste qu’elle calcula afin de ne pas mouvoir son autre membre elle attrapa la manche de son pull qui gisait sur le dossier de sa chaise. Elle fit une torsade maladroite au tissu avant de le glisser dans sa bouche en refermant vivement sa mâchoire dessus.

    Pour ne pas trop y réfléchir, elle enchaîna aussitôt en empoignant de nouveau son stylo argenté. Elle avait l’intention de le retirer lors de la même seconde mais le simple fait de le saisir anima brièvement tous les nerfs de sa main droite. Un cri étouffé, grave et rauque lui racla le fond de la gorge. Elle voulu instantanément desserrer sa poigne, mais elle sut que si elle le faisait, elle ne reprendrait jamais sa plume en main.

    Elle bloqua sa respiration et arracha d’un coup sec le corps étranger. Un nouveau cri tamponné par le tissu lui échappa. Ses dents glissèrent les unes contre les autres malgré l’épaisseur de la laine. Le réflexe lui fit jeter le stylo, qui percuta le mur blanc devant elle et expulsa une gerbe de rouge et de jais mêlés sur le poster de son film favori. Elle fondit en larmes en se recroquevillant, le cadavre de sa main droite étendu sur son mot. Le retrait maladroit avait été plus douloureux que l’empalement. Désormais la plaie la brûlait.

    Lorsque l’averse se fut suffisamment calmée pour qu’elle puisse agit, elle ramena sa main droite à elle et de l’autre anima sa chaise à roulettes en poussant contre le bureau et cracha son pull-over. Une des roulettes butta contre un objet et arrêta le fauteuil, c’était sans-doute là où était retombé le stylo. Alexandre pivota à quatre-vingt-dix degrés sur sa droite, faisant alors face à sa petite salle d’eau privative. Elle se leva et marcha d’un pas mal assuré jusqu’au lavabo.

    Elle posa sur le rebord sa main gauche abondamment recouverte de sang car elle avait porté l’autre avec et laissa sa main droite se vider lentement dans le bac. Des larmes épineuses continuaient leur tracé anarchique sur ses joues. Et lorsque son regard se posa sur le reflet de son visage dévasté, elle se demanda comment elle ferait croire à sa famille que ce n’était qu’une égratignure.

    « Petite conne ! » feula-t-elle à son attention en frappant âprement le levier du mitigeur afin d’avoir de l’eau chaude. La gamine irréfléchie avait encore fait des siennes. Heureusement, ce n’était encore rien d’irréparable.


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