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Poème #2 - Ouvrir les yeux
[Ouvrir les yeux]
Je suis allé chercher trop loin
Un rêve qui ne me convenait pas
La réalité sonne comme le glas
Ce rêve n’est pas le mien
Je suis allé chercher trop loin,
Voulant bien faire les choses,
Une ambition, un destin
Qui me rendait morose.
Je suis allé chercher trop loin
Pour qu’ils ne s’inquiètent pas
Une route pour demain
Qui ne les décevrait pas.
Je suis allé chercher trop loin
Aujourd’hui, me voilà,
Je me meurs de chagrin
Et je force mes pas.
Je suis allé chercher trop loin
Un rêve qui ne me convenait pas
J’ai voulu être un saint
Pour ceux qui ne comprenaient pas
Je me suis travesti
J’ai couru au trépas
Et me voilà, ici,
Dépourvu de l’éclat
Qui m’animait jadis
Lorsque j’étais bien moi.
Car maintenant, je le voisCette voie salvatrice
En vérité mortelle
Elle m’a coupé les ailes
Elle m’a jeté au feu
Elle a brûlé mes yeux
Et aveuglé mon cœur
Et dans cette torpeur
Je suis allé au bout
A l’extrémité de la planche
Je suis à genoux
A tirer par la manche,
Comme un enfant perdu,
Un parent inconscient
Car me voilà déçu,
Essoufflé et mendiant
Pour que l’on m’autorise
A retirer ma mise
Et pour que la fortune
Ne fasse pas mainmise
Et qu’au clair de lune
Enfin, je m’harmonise.
Je me suis réveillé
Sur ce champ de bataille
Et contre toute pensée
Je n’étais pas de taille.
Je me suis fait abattre
A la première charge
Désormais en surcharge
Je ne veux plus me battre.
J’aimerais tout quitter
Je veux faire demi-tour
Et pourtant, je me tais,
Coincé, haut, dans ma tour.
Je me tais car j’ai peur
De n’être qu’une douleur
Pour ceux qui m’ont soutenu
Pour ceux qui y ont cru.
Pour ceux qui voyaient l’or
Qui penseront que j’ai tort.
Pour ceux à qui je mens
Encore pour un moment
Sans vraiment savoir quand
Ou par quel miracle
Je retrouverai ce chant
Loin d’une telle débâcle
Un éden où l’effort
Paiera quoi qu’il arrive
Et où mes métaphores
Ont vertu curative
Une autre aire de guerre
Mais où, à la même heure,
Je ne serai pas derrière
Et je vivrai sans heurts
Et si certains, encore,
Croient que je me déleste
Ils ne peuvent qu’avoir tord
Car cette voie céleste
N’est en rien plus facile
Que mon talon d’Achille
Je la vaincrai, pourtant,
Je suis plus que confiant,
Dans cet endroit, je sais
Que mes armes fonctionnent
Et sans fragilité
C’est ce qui me passionne.
Teodore Wholf
22 Juin 2018
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Post-Scriptum
Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup à dire sur ce texte que j'apprécie justement parce qu'il parle de lui-même. Si j'avais un commentaire à émettre il se baserait plus sur le temps qui s'est écoulé depuis que je l'ai écrit.
Quand j'ai couché ces vers sur le papier, il s'agissait pour moi de renoncer à certains aspects de ma vie pour retrouver suffisamment de temps pour écrire mes histoires. Le choix fut complexe, angoissant, éreintant presque, mais mon constat était que l'écriture importait plus que quoi que ce soit d'autre. Constat d'une chose que je m'étais promis de ne jamais oublier et que j'avais pourtant laissé s'effacer de ma mémoire.
Alors, si tout cela était si cher à mon cœur, comment se fait-il que l'écriture n'ait pas retrouvé sa place centrale dans ma vie ?
J'ai comme l'impression qu'une fois qu'on laisse sa passion de côté, qu'une fois qu'on se laisse rattraper par d'autres fantasmes et d'autres addictions, il est difficile, sinon douloureux, de revenir sur ses pas pour retourner la chercher. Quelque chose qui avait naturellement germé en moi est devenu une source d'efforts. Retrouver cet état n'est pas une évidence. La passion est toujours là, mais le temps investi a fondu. Le reflex s'est mû en d'autres instincts. Fouiller internet à la recherche d'imaginaire plutôt que de le fournir du mien. Est-ce parce que c'est plus simple ? Peut-être que c'est simplement parce qu'on s'habitue. S'habituer à quelque chose c'est le pire ennemi de la créativité, non ? Je crois qu'il existe un dicton à ce propos, ou qui y ressemble.
Moi qui rêvais de faire rêver avec comme seuls outils les mots, j'ai si peu lu et écrit ces derniers temps que mon vocabulaire s'éteint. Deux ans que je n'ai pas publié sur ce blog et, si ce n'est pas complètement une anomalie dans mon comportement, le fait que cela découle d'une productivité quasi-nulle est un problème.
Dernièrement, au sortir de quelques discussions - parfois sérieuses et parfois de simples remarques impromptues - je me suis remis en question. Je souhaite plus que tout devenir auteur mais je n'ai jamais mené un projet à bien. Je me retrouve bloqué dans une sorte de bulle de quotidien morne où mes études me saoulent et où je passe mon temps libre à chercher des échappatoires à la réalité, toujours plus minables les unes que les autres. Je ne m'impose aucun rythme, aucun défi, et je n'écris quasiment pas. Si je devais jouer la carte du cliché, elle serait vite trouvée : ma vie manque de Passion. C'est un gros mot, avec une belle parure et autant d'interprétation qu'il existe de cerveaux différents.
Là où le jeu est hypocrite, c'est qu'il existe des centaines, peut-être des milliers, de jeunes adultes dans la même situation que moi. Eux, n'ont aucune idée de ce qui les anime, de ce qui pourrait les motiver. Moi, je sais pertinemment ce qu'il me faut. Je ne vais simplement pas le chercher.
Pourquoi ? Pourquoi quand je pense à l'écriture j'ai l'impression que je vais devoir fournir un effort, alors que quand j'écris cela m'apparaît si fluide et organique que plus rien autour ne semble exister ? Est-ce que mon cerveau est à ce point corrompu par le contenu facile d'accès que le simple fait de produire lui donne une image d'effort trompeuse ?
Je ne sais pas s'il existe de vraies réponses à ces questions. Tout comme je n'ai aucune idée de pourquoi il est si difficile de se battre contre la procrastination. Ce que je sais, en revanche, c'est que si je ne me mets pas à faire des efforts, mon plus grand rêve restera à jamais une fiction. Ce n'est pas ce que je veux.
Alors, même si cela va me demander du travail, de la régularité, et peut-être un investissement outre-mesure, j'ai l'intention de changer cette façon de vivre. Je ne crois pas qu'il y ait de sacrifice trop dur ou de prix trop élevé quand on parle de passion.
Je vais donc, aujourd'hui, me poser un défi : écrire un à deux articles hebdomadaires pour ce blog. Au moins un texte de fiction ou un poème par semaine, c'est ma base de travail. Je ferai peut-être plus si j'ai envie de raconter ma vie, mais l'important pour moi c'est également d'avancer sur mes projets.
Je suis un peu trop proactif pour ne me concentrer que sur un seul projet, une seule histoire et la faire naître d'une traite, alors poster des articles, des fragments d'histoires ou d'univers çà et là sera une bonne façon pour moi de combler mon envie de développer toutes mes créations en parallèle.
J'essaierai de faire suivre les histoires longues sur plusieurs semaines car c'est aussi un moyen de développer une oeuvre complète, mais ce ne sera pas ma priorité. Puisque les histoires germent souvent sous forme de fragments désordonnés, de scènes emblématiques qu'on tisse ensuite les unes avec les autres, ce sont ces morceaux inopinés que je veux livrer ici.
Certains, peut-être, seront frustrés de ne pas avoir de rendez-vous fixe avec une histoire définie, mais après des années d'écriture je sais que me contraindre à une régularité artificielle ne m'apporte jamais que des problèmes. Je veux effectivement avancer les textes que je considère essentiels à mon univers, mais je ne veux en aucun cas me forcer, sinon me rendre malade pour ça. C'est aussi la contrepartie de ma capacité à proposer des textes toutes les semaines car mon inspiration, elle, n'est pas constante. Il m'arrive de délaisser un monde pendant plusieurs semaines avant d'avoir de nouveau de quoi l'enrichir et ce serait un mensonge de ne présenter aux lecteurs qu'un contenu lisse et invariant.
Voilà donc la première partie du programme que je nous réserve. Vous aurez tout le temps d'expérimenter les formes variées qu'il prendra.
Sur ce,
Belle Lune,
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